Ils sont là, autour de nous. Ils travaillent dans l’ombre pour révéler au grand jour nos secrets. Adultères, trahisons et autres méfaits. Le terrain de jeu des détectives privés est vaste. Mais qui sont-ils ?
Nous avons tous en tête une idée bien précise du profil type de ces enquêteurs de l’ombre : chapeau, journal et imper, parfois sur un banc, parfois dans une voiture banalisée. La réalité de cette profession est-elle aussi intrigante qu’Hollywood veut bien la dépeindre ? À perpignan, six agences enquêteront pour vous. Loin des clichés, c’est au coin d’une rue perpignanaise, que nous avons pris rendez-vous avec le détective Erik Bertron de l’agence Tronber détective.
Une profession réglementée
Un détective privé, ce n’est ni la crim’, ni la B.A.C. Ni Sherlock d’ailleurs. C’est avant tout un simple citoyen dont la passion pour l’infiltration et l’investigation a écrit une vocation. Avant les récentes réglementations concernent les métiers de la sécurité privée, presque tout leur était autorisé, sans contrôle, ni formation. Une simple lettre au préfet suffisait pour se déclarer comme détective privé. Seulement, aujourd’hui, n’est plus détective privé qui veut. Depuis 2012, le ministère de l’intérieur s’est substitué aux préfectures pour en régir l’activité. Précisément, c’est sous la tutelle du CNAPS (Conseil national des activités privées de sécurité), que la profession est placé. Lui seul décide de délivrer ou non le droit d’exercer, après un cursus et un examen réussi dans une école spécialisée.
Détectives, jokers des forces de l’ordre
Il y a trente ans, le gagne pain principal d’un agent de recherche privé, c’était « les histoires de fesses ». Aujourd’hui, les missions se sont diversifiées, les clients aussi. Le manque de moyens oblige parfois les forces de l’ordre à faire appel aux détectives comme on dégaine une carte joker. Ne sont pas rares les fois ou leurs conclusions se retrouvent entre les mains d’avocats ou de procureurs. Là aussi, il y a du progrès. Il fut un temps, un tribunal n’aurait certainement pas jugé recevable les preuves ou conclusions d’un privé. Aujourd’hui, Erik peut se targuer d’avoir élucidé plusieurs enquêtes, pour le compte des forces de l’ordre, de chefs d’entreprises ou de particuliers.
« Les réseaux sociaux, c’est notre mine d’or »
Son emploi du temps oscille entre rendez-vous clients, filatures et planques, mais là aussi, les temps ont bien changé. Quand avant, il fallait dégainer l’appareil photo, les frais kilométriques et le club sandwich en prévision d’une longue nuit de planque devant la résidence du « suspect », maintenant -souvent- trois clics et c’est bingo. « Les réseaux sociaux sont comme une mine d’or » atteste Erik, un léger sourire aux lèvres, « il suffit de chercher pour trouver ». Comme le rappelle le détective, si votre compte Facebook ou Instagram est privé, peut-être que celui de votre ami ne l’est pas. Et peut-être, avez-vous été photographié au mauvais endroit au mauvais moment. Mais encore, faut-il savoir où chercher. C’est là toute la plus-value d’un professionnel de la recherche. Erik les connait toutes (ou presque), les combines. En 20 ans, il a su s’adapter et évoluer avec son temps. Il est capable d’extraire les données d’un téléphone ou de récupérer des fichiers supprimés d’un disque dur. Mais aujourd’hui, c’est certainement les méthodes les plus traditionnelles qui vous feront tomber dans son piège, car à l’ère ultra technologique, on en oublie les bonnes vieilles ficelles.
« Il voulait savoir si sa femme couchait avec un autre »
Qu’il s’agisse de coincer un employé véreux, un conjoint infidèle ou pour se prouver qu’on a pas cédé à la paranoïa, les raisons de pousser la porte d’un privé sont nombreuses. Chaque année, Erik en reçoit des centaines. Dans l’une de ses dernières enquêtes, un homme des Pyrénées-Orientales soupçonnait sa femme de s’adonner à des relations extra-conjugales. Pour l’enquêteur perpignanais, la mission commence : récolte d’informations et mise en place d’une filature.
Selon son client, l’emploi du temps de sa femme ne lui laisserait guère le temps de se laisser aller à des plaisirs extra-conjugaux, pourtant il en est certain, elle le trompe. Il a d’ailleurs déjà tenté de découvrir la vérité par ses propres moyens, en la suivant régulièrement. Choux blanc. De son domicile, la suspecte n’a que quelques minutes de route pour se rendre au bureau. À 8h, elle embauche et retourne à la maison à 17h. Comment s’y prendrait-elle alors pour tromper la vigilance de son mari ?
Erik entre en scène. Les premiers jours, la femme se rend bien à son bureau aux alentours de 8 heures, à midi direction le restaurant avec une ou deux collègues, puis retourne au foyer conjugal une fois la journée terminée. Rien à signaler. Le détective fouille les bas-fonds d’internet, là aussi, R.à.S. Etape suivante : l’entreprise. Notre Poirot catalan découvre qu’une pointeuse trace les heures de présence des employés, il serait donc difficile de tromper la vigilance de la machine, sans avoir à rendre des comptes à son employeur. De plus, le client d’Erik est formel, si sa femme a une aventure, il ne s’agit pas d’un collègue de travail.
Il dégaine son appareil photo et mitraille des centaines de clichés
Et puis, un matin de semaine, notre détective remarque un comportement inhabituel. Garée sur le parking et après avoir donné « un objet » à sa collègue avec qui elle se trouvait, sa cible n’entrera pas dans les locaux, mais continuera à pied. Quelques centaines de mètres plus loin, sa route prend fin devant une résidence. Depuis la rue, Erik l’aperçoit à travers la fenêtre du premier étage avec à ses côtés, un homme. Il dégaine son appareil photo et mitraille des centaines de clichés.
En découvrant les photos, le client du détective comprend rapidement que l’homme avec qui se trouve sa femme n’est pas juste un simple ami. Et c’est avec la complicité de sa collègue de travail qui pointait à sa place, que la femme se rendait régulièrement chez son amant pour des parties de plaisir. Le rapport d’Erik permettra à son client de monter un dossier en béton lors de la procédure de divorce.
Si pour vous, garder un secret demande une vigilance de chaque instant, pour un détective privé, une erreur de votre part et c’est enquête bouclée. À perpignan, environs trois enquêteurs sont en permanence sur le terrain.